[Interview] Saouirdine, le parcours d’un ancien volontaire

Saouirdine était engagé en service civique promotion 2018-2019, au sein de la Ligue de l’enseignement 42 et mise à disposition de l’Accorderie. Découvrez son parcours depuis la fin de sa mission, et en quoi son service civique lui a été bénéfique.

Peux-tu nous expliquer ton parcours qui t’a mené jusqu’à effectuer un service civique à la Ligue de la Loire ?

J’ai eu mon bac sur l’île de Mayotte, en 2015. J’ai fait un bac STMG spécialité ressource humaine. A l’issue du Bac, je suis partie faire un an de droit à l’île de la Réunion. Mais ça ne m’a plus, donc je me suis réorienté. De base, je voulais faire un BTS SP3S, mais je n’ai pas eu de place. On m’a accepté en deuxième choix dans un BTS assistant manager, dans le sud de la France. J’ai fait une année là-bas et j’ai fini ma deuxième année à Saint-Etienne en 2018. Après le BTS, je voulais poursuivre sur une licence ressources humaines, mais pas de retour positif sur mes vœux. J’avais cette envie de poursuivre dans ce qui est social. Je voulais m’inscrire dans une licence pro économie sociale et solidaire, mais pas de réponse. Le motif est que je n’avais pas d’expérience professionnelle en lien avec la licence. J’ai un ami qui m’a parlé du service civique. J’ai fini par arriver à la ligue, où Thaïs nous a présenté le service civique. Ma mission proposait d’intégrer deux associations, l’Accorderie de Saint-Etienne, et le Réfectoire. J’ai passé l’entretien, et on s’est bien entendu. Alors, j’ai commencé le 15 novembre 2018 pour huit mois de mission. J’avais 22 ans.

 

Quelles étaient tes missions ?

A l’accorderie, je participais aux permanences, j’accompagnais les gens à devenir adhérent, je participais aussi à la promotion de l’association en allant à la rencontre d’autres associations. Et au Réfectoire je participais à animer la vie du Réfectoire, avec les cuisines partagées, discuter avec les gens, échanger, mettre à l’aise et essayer de créer du lien.

 

Es-tu encore en lien avec les associations ?

Je suis resté administrateur à l’Accorderie. Quand c’est possible je participe au CA. Mais avec le Master que je fais actuellement, c’est compliqué. J’essaie de me tenir informé. Il y a une ou deux semaines, je suis retourné à l’Accorderie. Et ça fait du bien de revoir des personnes, de reprendre des conversations…

 

Est-ce que le service civique a été une expérience bénéfique pour toi ?

Carrément. C’est le service civique qui m’a permis d’avoir la licence Pro, parce que c’est lui qui m’a donné l’expérience nécessaire pour intégrer la licence, et pouvoir justifier de mes compétences. Le service civique a tout changé. Cela m’a permis de prendre plus confiance en moi, de travailler en équipe, de mieux m’exprimer. 

Cela m’a aussi permis de définir mon projet professionnel, pouvoir travailler avec la population. C’était un grand brassage de compétences avec les associations, et ça m’a donné l’expérience et la confiance pour plus tard. Je suis très à l’aise, je ne suis plus un novice grâce à ce service civique.

D’ailleurs, pendant mon stage, on me disait souvent : “tu t’intègres vite, tu sais bien communiquer avec les gens.” Et ça, c’est des compétences que j’ai développé grâce au service civique. Je n’ai plus peur de mal prononcer un mot, de mal dire une phrase. Par exemple, là on ne se connait pas, et pourtant je te dis pleins de choses.

Et ça m’a appris à être à l’écoute, et dans le social, c’est primordial. Parce que c’est grâce à l’écoute qu’on va en premier lieu pouvoir aider la personne, comprendre, décortiquer sa situation.

 

Que fais-tu depuis ton service civique ?

Après mon service civique, qui a fini en juin 2019, j’ai postulé à la licence Pro de Saint-Etienne, en coordinateur de projet et développement territorial. A partir de là, je voulais aller un peu plus loin, donc je me suis orienté sur plusieurs masters, dont un à Lyon qui était très demandé. Un master parcours politique sociale et intervention territoriale, où je suis cette année ducoup. Et ça se passe bien, malgré le covid actuellement. J’ai pu valider mon premier semestre. Et là, je viens à peine de finir un stage de six semaines que j’ai fait à la Sauvegarde 42. Je devais aider à l’élaboration d’un nouveau dispositif : Les Invisibles. Plusieurs associations se sont regroupées pour faire ce projet : ils vont à la rencontre des jeunes qui ne sont plus dans les droits chemins, qui sont descolarisés, n’ont pas d’emploi et un peu perdu, marginalisé, en décrochage commun. Mon stage était de mener une étude pour essayer de comprendre leur pratique professionnelle.

 

Quel est ton projet pour la suite ?

Mon projet, c’est de pouvoir faire le plein de plus de connaissance possible, prendre tout ça, le mettre dans ma valise et repartir sur mon île Mayotte. Mon envie est de travailler sur l’insertion professionnelle des jeunes de Mayotte. Il y a un grand besoin dans les îles, et on n’a pas assez de structures, et le peu qui existent sont totalement blindé. En métropole on a plein de possibilités, alors que sur ma petite île c’est compliqué, il n’y a pas beaucoup d’entreprises, pas beaucoup de choses. Par exemple, peu importe où on est en France, on a toujours la possibilité de prendre le train pour assister à une conférence à Clermont, alors que de Mayotte, il y a plus de 10 000 kilomètres. Donc, mon objectif est de participer à la création et étendre les structures d’insertions professionnelles.

 

Que dirais-tu à nos (futurs) volontaires ? Un conseil ?

Si vous avez eu envie de faire un service civique, il faut foncer et apprendre. Au début, on se dit juste : oui ça va me permettre d’avoir un peu d’argent. Mais avec le temps, ils vont découvrir des choses qui vont leur plaire. Et ils vont se découvrir eux-mêmes parfois, développer des compétences… Ils peuvent même arriver à un point et se dire : ah mais en fait, j’ai envie de faire ça ! Parce que le service civique c’est aussi un moment de réflexion. On a un temps pour nos projets, et discuter souvent avec nos tuteurs et autres, ça permet de voir un peu plus clair, de partager leur expérience. Mais il ne faut pas faire un service civique pour faire un service civique, il faut en profiter pour apprendre. A la fin on n’est jamais perdant, je parle de mon expérience. Même si pendant notre mission on n’a pas toujours l’impression d’apprendre des choses, c’est avec le recul qu’on se rend compte que : “tiens, ça je l’ai appris au cours de mon service civique.” Il y a beaucoup de choses qui émergent au cours de la mission, donc il y aura forcément un déclic.

Et si on n’a pas de projet, n’hésitez pas à demander conseil à votre tutrice, et à parler de votre projet, pour le tester, l’enrichir. Et aussi, être volontaire, ça permet de se construire un réseau ! Et le réseau, ça aide niveau professionnel et personnel, on se sent soutenu, appartenir à la société.

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