Anne, volontaire au SPIP* de Roanne « Il y a des petites victoires, comme par exemple, lorsque j’inscris un détenu au code ! »  

 

anne

Le service civique est une opportunité pour découvrir des milieux peu faciles d’accès. Anne a ainsi profité de ce dispositif pour découvrir le milieu carcéral, milieu dans lequel elle aimerait évoluer professionnellement. Elle effectue sa mission au SPIP* de Roanne et aide à la mise en place d’activités culturelles à destination des détenus.

 

Peux-tu nous en dire un peu plus à ton sujet ?

J’ai 22 ans. Avant de faire mon service civique, j’ai fait une licence d’anthropologie à Lyon. Après cette licence, je ne savais pas trop dans quoi me lancer. Le service civique me semblait être une belle opportunité. J’ai donc décidé de me lancer après ma licence !

Pourquoi as-tu voulu faire un service civique ?

A la base, je voulais faire un service civique après mon bac, car je n’avais pas d’idée précise des études que j’allais faire. Mais en terminal, j’ai eu une révélation ! J’ai su ce que je voulais faire plus tard. Ça arrangeait mes parents qui ne voulaient pas que je fasse mon service civique avant d’avoir fait des études. Le faire après la licence me semblait donc être une pause intéressante ! Et puis comme le carcéral est un milieu difficile d’accès, je me suis dit que le service civique était une bonne opportunité pour le découvrir ! J’ai fait plusieurs demandes de service civique dans ce domaine. J’ai eu quelques refus. Et finalement, j’ai fini par être prise ici à Roanne !

Pourquoi avoir choisi un service civique dans le milieu carcéral ?

Le milieu carcéral m’intéressait beaucoup ! Mon projet professionnel était d’être psychologue en milieu carcéral. Finalement, je me suis lancée dans l’anthropologie. Je n’ai pas pu aller en psychologie car j’ai voulu m’inscrire à Lyon 2, mais cette section de l’université avait fait une restriction académique ! Comme je ne venais pas de l’académie de Lyon, je ne pouvais pas y accéder ! On m’a dit de faire une première année en Sciences humaines, et de basculer en psychologie pour ma deuxième année. J’ai donc choisi de débuter avec l’anthropologie, mais finalement, ça m’a beaucoup plu. La psychologie où j’ai eu 2-3 cours m’a beaucoup moins intéressée. J’ai donc continué en anthropologie ! Mais le secteur du carcéral continue de m’intéresser.

Peux-tu nous expliquer ta mission ?

J’aide à la mise en place des activités culturelles dans la prison. Je suis en contact avec les intervenants. Ça peut aller du cours de guitare, au concert, en passant par les cours de poterie… Je m’occupe aussi du code de la route pour les détenus. On fait venir un moniteur qui vient dispenser des leçons pendant quelques mois. Et à la fin, les détenus peuvent passer l’examen. Je dois réceptionner les inscriptions, gérer tout le matériel, les listes et les horaires pour chaque venue d’intervenant.

Je rencontre également les détenus de temps en temps. Ce sont des discussions informelles que j’ai avec eux quand je les croise pendant un atelier. Je ne me retrouve jamais officiellement en entretien avec eux pour recueillir leur doléance. Mais ils peuvent m’envoyer des courriers pour ça. Comme j’aide sur les affaires culturelles, on me transmet les demandes des détenus. Ça peut être « Je veux m’inscrire à telle activité », « Est-ce que vous savez s’il y a un concert de prévu ? »… Quand je les rencontre en détention, ils me demandent parfois si telle activité sera renouvelée. A ce moment, j’en parle à la directrice et on essaie de voir si ça peut se faire.

Et puis, en Novembre et Décembre, il a fallu faire le bilan de toutes les activités de 2015. Il fallait voir si ça s’était bien passé, quel a été le taux de participation, le coût. En fonction de ça, on a décidé des activités qui pouvaient être renouvelées pour l’année 2016.

 

Qu’est-ce qui te plait le plus dans ta mission ?

J’aime bien parler avec les détenus. Ce n’est pas forcément évident, car parfois, ils s’attendent à ce qu’on puisse régler leurs problèmes tout de suite. Malheureusement, je n’ai pas un champ d’action très vaste. On essaie de faire du mieux qu’on peut mais ce n’est pas forcément évident. Je me sens investie mais parfois, je me rends compte qu’il n’y a pas grand-chose que je peux faire. Cependant, il y a des petites victoires, comme par exemple, lorsque j’inscris un détenu au code. Je me dis que ça va l’aider plus tard ! Je peux agir un minimum pour eux.

J’aime également le fait de pouvoir discuter avec les conseillères pénitentiaire d’insertion et de probation. Elles suivent les détenus pendant toute leur incarcération, les aident à trouver un logement, un travail pour préparer leur sortie. J’aime bien leur parler car elles sont en tête à tête avec les détenus. Elles sont vraiment dans cette optique de les aider, de les guider. Donc c’est intéressant d’avoir leur point de vue.

Que t’apporte ta mission au SPIP* ?

C’est une expérience que je ne regretterai absolument pas ! Comme je ne sais pas ce que je vais faire plus tard, je ne sais pas si je pourrai remettre un pied dans ce milieu. Le service civique m’a donné l’opportunité de voir comment c’est. Puis quand je disais à mon entourage que je voulais travailler dans ce milieu, on me disait que ça allait être dur. Je me demandais si j’allais tenir le coup. Et mon service civique m’a montré que oui, c’est possible !

Ce qui est compliqué avec ce service civique c’est que ça a soulevé pas mal de questions autour de moi. On me demandait si ça me paraissait normal d’aider des détenus. On me demandait pourquoi ce choix. Cette question me laissait perplexe. J’avais envie de dire « Mais pourquoi pas ? J’ai envie de les aider. » On me disait souvent qu’on ne comprenait pas comment je pouvais être aimable avec ces personnes. Je disais alors que ce n’est pas mon boulot de les juger. Ils ont déjà eu un jugement et une peine à purger ! Au début c’était rigolo, mais à force de te justifier ça peut devenir agaçant.

Que vas-tu faire après ton service civique ?

Je ne pense pas me réorienter vers la psychologie. C’est une approche qui me plait beaucoup moins que l’anthropologie. Je ne sais pas si je pourrai continuer à travailler dans le milieu carcéral plus tard… Pour la suite je vais reprendre mes études, mais je ne sais pas trop ce que je vais faire. Je vais soi aller en Master d’anthropologie, soi faire autre chose. Le problème avec l’anthropologie, c’est que ça me plait vraiment mais je ne sais pas quel métier faire avec un diplôme d’anthropologie.

route spip

*Service Pénitentiaire d’insertion et de probation

Photo : sur la route du SPIP. Pour des raisons de sécurité, il n’a pas été possible de photographier l’entrée ou l’intérieur du service pénitencier.

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